Le compte rendu d’Introduction à la littérature fantastique

L’objectif de cet article est de vous présenter le compte rendu du livre Introduction à la littérature fantastique. Premièrement, je vais commencer avec une brève présentation du livre et de l’auteur. Ensuite je vais faire un bref résumé de chaque chapitre de ce livre.

Introduction à la littérature fantastique est un livre écrit par Tzvetan Todorov et publié en 1970. Ce livre est publié dans la collection Poétique, dirigée par Hélène Cixous, Gérard Genette et Tzvetan Todorov. L’auteur de ce livre- Tzvetan Todorov est un essayiste, philosophe, sémiologue français, d’origine bulgare. Le sujet de ce livre est l’étude de la littérature fantastique, surtout l’analyse structurale du genre fantastique.

Voir aussi: Qu’est-ce que le fantastique ?

À travers son ouvrage Introduction à la littérature fantastique, Todorov voulait répondre à ces questions suivantes :

  • Qu’est-ce que le fantastique ?
  • Quelle est la structure du genre fantastique ?
  • Pourquoi le fantastique ?

Todorov a divisé ce livre en dix chapitres. Dans le premier chapitre, Todorov a abordé le concept du genre. Dans le chapitre 2, Todorov a défini le genre fantastique. Puis dans les chapitres 3 et 4, il a défini le genre fantastique par rapport à ses genres voisins. Il a consacré le cinquième chapitre au discours fantastique. Todorov a consacré ces quatre chapitres-6, 7, 8 et 9 de son livre à l’étude de thèmes du genre fantastique. Et enfin, dans le dernier chapitre, Todorov réfléchit sur la fonction du genre fantastique.

Commençons avec un bref résumé de chaque chapitre du livre de Todorov : Introduction à la littérature fantastique.

Le chapitre 1 : Les genres littéraires

 Dans le premier chapitre, Todorov annonce que l’objectif de son livre est d’étudier le genre fantastique. Todorov voulait chercher des règles fonctionnant à travers des récits fantastiques afin de déterminer la structure du genre fantastique.

De plus, dans ce chapitre, Todorov réfléchit sur l’importance des genres, sur le concept du genre et aussi sur le besoin des genres. Todorov remarque que, la littérature abandonnait de nos jours, la division en genres. Todorov insiste sur l’importance de genre car c’est à travers le genre qu’une œuvre entre en relation avec le monde de la littérature et donc il ne faut pas rejeter la notion du genre. Puis il cite la théorie de genres de Northrop Frye, un critique littéraire, formulée dans son Anatomy of Criticism où Frye avait décrit le système de genres. Todorov cite les six postulats proposés par Frye sur les études littéraires, qui seront pour lui le point de départ pour sa recherche. L’un de ces postulats est que l’œuvre littérature forme un système.

Todorov cite également les catégories des genres proposées par Frye. Il distingue deux types de genres :

  1. Les genres historiques
  2. Les genres théoriques

Todorov ajoute que le système de Frye est constitué de genres théoriques. Il parle aussi des genres élémentaires et complexes à l’intérieur des genres théoriques. Il évoque que « toute théorie de genres se fonde sur une représentation de l’œuvre littéraire.»[2]Todorov conclut le chapitre en annonçant sa méthodologie de distinguer trois aspects suivants de l’œuvre, afin d’étudier le genre fantastique :

  1. L’aspect verbal (les phrases qui constituent le texte)
  2. L’aspect syntaxique (la composition)
  3. L’aspect sémantique (les thèmes)

Le chapitre 2 : Définition du fantastique

Le chapitre 2 intitulé « Définition du fantastique » nous présente la fameuse définition du fantastique proposée par l’auteur Tzvetan Todorov :

« Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connait que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel. » [3]

D’après Todorov, dans le fantastique il y a un événement étrange qui a lieu et il y a deux façons d’expliquer cet événement. Soit on accepte une explication naturelle de cet événement, soit on accepte une explication surnaturelle. L’hésitation entre ces deux explications, cela crée le fantastique et affirme que l’hésitation est un élément clé du fantastique. De plus, Todorov évoque qu’un genre se définit toujours par rapport aux genres qui lui sont voisins. Puis il introduit deux genres voisins du fantastique, de l’étrange et du merveilleux.

En outre, c’est également dans ce chapitre que Todorov cite les trois conditions nécessaires pour l’existence du fantastique. Il ajoute en même temps que la première et la troisième condition sont nécessaires tandis que la deuxième est facultative.

  • La première condition, c’est l’hésitation du lecteur entre deux explications- naturelle ou surnaturelle des événements évoqués.
  • La deuxième, c’est qu’un personnage du récit peut aussi hésiter et ainsi le lecteur pourrait s’identifier avec ce personnage.
  • Enfin la troisième condition est que le lecteur doit rejeter une interprétation poétique et allégorique du texte.

Todorov conclut ce chapitre en citant l’exemple d’Aurélia de Gérard de Nerval, où l’auteur a utilisé la folie d’un personnage, pour créer l’ambiguïté. Todorov précise que dans un récit fantastique, ce n’est pas la peur qui est un élément nécessaire mais l’ambiguïté.

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Le chapitre 3 : L’étrange et le merveilleux

Todorov a consacré le chapitre 3 aux genres voisins du fantastique- l’étrange et le merveilleux. L’etrange est un genre où l’événement surnaturel est expliqué et le merveilleux est un genre où l’événement surnaturel est accepté. Todorov explique en donnant l’exemple du récit de Cazotte Le diable amoureux, que si on accepte l’existence du diable (surnaturel accepté) dans le récit, alors c’est un récit qui appartient au genre du merveilleux mais si on croit que le diable est une illusion, on entre dans le genre de l’étrange. Dans les deux cas, on quitte le fantastique. Puis Todorov évoque que dans un récit fantastique, l’ambiguïté reste jusqu’à la fin comme dans la nouvelle de Prosper Mérimée La Vénus d’Ille. Même après avoir lu ce récit on n’est jamais certain si la statue de Vénus a tué le marié ou pas.

Ensuite Todorov présente deux sous-genres entre les genres du fantastique et de l’étrange : « étrange pur » et « fantastique-étrange ». Todorov évoque également deux sous-genres entre les genres du fantastique et du merveilleux : « merveilleux pur » et « fantastique-merveilleux ». Todorov ajoute que dans les récits de ces quatre sous-genres, le fantastique existe mais, il s’évanouit envers la fin et nous entrons soit dans l’étrange soit dans le merveilleux. Enfin dans ce chapitre, Todorov discute plusieurs types de récits merveilleux : le merveilleux hyperbolique, exotique, instrumental et le merveilleux scientifique.

Le chapitre 4 : La poésie et l’allégorie 

Dans le chapitre 4, l’auteur situe le fantastique par rapport à ses deux autres genres voisins, de la poésie et de l’allégorie. L’auteur évoque que tout fantastique est lié à la fiction et au sens littéral, qui sont deux autres conditions nécessaires, pour l’existence du fantastique.

Todorov évoque que la poésie ne peut jamais être fantastique car elle s’oppose à la fiction et le fantastique implique la fiction. Dans une allégorie où il y a deux sens pour les mêmes mots et le sens littéral s’efface au profit du sens allégorique, il n’y a pas de place pour l’hésitation, ce qui est un élément clé du fantastique. Donc l’auteur conclut que ces deux genres de la poésie et de l’allégorie s’opposent au genre fantastique et menacent son existence.

Dans ce chapitre, Todorov discute également plusieurs types d’allégorie :

  • L’allégorie « évidente » dans les œuvres de Perrault et d’Alphonse Daudet.
  • L’allégorie « illusoire » dans le récit Le nez de Gogol.
  • L’allégorie « indirecte » chez  La peau de chagrin  de Balzac.
  • L’allégorie « hésitante » chez William Wilson d’Edgar Poe.

Selon Todorov dans tous ces récits allégoriques indiqués ci-dessus, il y a un événement fantastique décrit, mais le fantastique est tué par l’allégorie.

Le chapitre 5 : Le discours fantastique 

Puis c’est dans le chapitre 5 intitulé « Le discours fantastique » que l’auteur évoque explicitement son postulat :

« Nous postulons que tout texte littéraire fonctionne à la manière d’un système ; ce qui veut dire qu’il existe des relations nécessaires et non arbitraires entre les parties constitutives de ce texte. » [4]

Selon Todorov, chaque récit littéraire a ses propres règles, des lois, en bref un récit littéraire a une structure particulière. Ensuite, Todorov parle au sujet de ces deux aspects de l’œuvre: verbal et syntaxique. Todorov discute les trois propriétés structurales du récit fantastique qui sont l’énoncé, l’énonciation et la composition. Todorov évoque que le surnaturel est né du langage. C’est grâce à des mots que les êtres surnaturels tels que le diable, les vampires existent.

Puis Todorov parle de l’énonciation et du problème du narrateur. Selon Todorov, dans la littérature, le concept de vrai ou de faux n’existe pas comme la parole des personnages pourrait être vraie ou fausse. Et en général nous croyons ce que le narrateur dit. Todorov ajoute qu’ il y a un problème lorsque le narrateur est un personnage du récit et dit “je” et en tant que personnage s’il dit la vérité ou pas, les lecteurs ne savent pas. Donc il y a tout ce doute là. Et comme le fantastique exige le doute, ainsi le narrateur en tant que personnage convient au fantastique et son discours a une statue ambiguë.

En discutant le troisième trait de la structure de l’œuvre -la composition ou la structure de l’histoire, Todorov conclut qu’il faut toujours lire un récit fantastique en ordre chronologique, du début à la fin.

Maintenant dans les quatre chapitres suivants de son ouvrage Introduction à la littérature fantastique, Todorov discute les thèmes du genre fantastique. Todorov fait une analyse thématique ou sémantique du genre fantastique.

Le chapitre 6 : Les thèmes du fantastique : introduction

Dans le chapitre 6, Todorov propose une autre définition du fantastique en ajoutant que les événements étranges sont une condition nécessaire pour le fantastique :

« Le fantastique se définit comme une perception particulière d’événements étranges ».

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D’après Todorov, il y a trois fonctions du fantastique dans une œuvre.

  • La première fonction du fantastique est qu’il suscite les sentiments de la peur, l’horreur ou la curiosité chez le lecteur.
  • La deuxième, est qu’il sert la narration, tient en suspens le lecteur. 
  • Et la troisième fonction, c’est la description d’un univers fantastique.

Puis Todorov remarque qu’il y a trois fonctions du fantastique comme il y a trois fonctions d’un signe : pragmatique, syntaxique et sémantique. Todorov admet que c’est sur la troisième qu’il va consacrer son attention. Dans ce chapitre, il évoque son objectif d’étudier les thèmes du fantastique.

 De plus, l’auteur critique certains théoriciens de la littérature fantastique tels que Penzoldt ou Roger Caillois qui ont classé les thèmes fantastiques indépendamment. Contrairement à ces théoriciens, Todorov a classé les thèmes fantastiques en deux groupes : les thèmes du « je » et les thèmes du « tu ». Dans le chapitre suivant, il va discuter les thèmes du « je ».

Le chapitre 7 : les thèmes du  je 

Dans le chapitre 7,  Todorov évoque que dans les thèmes du je, il s’agit d’une relation entre l’homme et le monde, comment l’homme, il perçoit le monde. Quand on parle de ce rapport entre l’homme et le monde, Todorov évoque qu’en termes de Freud, nous sommes dans le système perception-conscience.

Les thèmes du pan-déterminisme, de la multiplication de la personnalité ou la métamorphose, de l’effacement de la limite entre le sujet et l’objet, entre le physique et le mental, entre la matière et l’esprit, ce sont les thèmes du je.

L’auteur prend l’exemple de l’histoire du second calender des Mille et une nuits où il parle de la métamorphose des personnages-un homme se transforme en singe et le singe en homme et de l’ histoire d’Aurélia de Nerval où il parle du pan-déterminisme. 

De plus Todorov ajoute qu’il y a un rapport entre les thèmes fantastiques du je et entre le monde du psychotique et du drogué. Dans l’univers du psychologue et d’un drogué aussi, il y a l’effacement de la limite entre la matière et l’esprit.

Le chapitre 8 : les thèmes du  tu 

Dans le chapitre 8, l’auteur  évoque que dans les thèmes du tu, il s’agit d’une relation de l’homme avec son désir et que le thème prédominant dans ce groupe est celui de la sexualité. Todorov  affirme que la littérature fantastique décrit les formes excessives du désir sexuel. Il ajoute que dans la littérature fantastique, il y a une représentation de plusieurs types de désir sexuel tels que :

  • L’inceste (dans le récit de Perrault  Peau d’âne, où un père est amoureux de sa fille).
  • L’homosexualité (dans Vathek, la relation homosexuelle d’Alasi et Firouz).
  • L’amour à plus de deux ( dans le Manuscrit trouvé à Saragosse, l’amour à trois entre Alphonse, Zibeddé et Emina).
  • Le sadisme ( les scènes de cruauté dans le Manuscrit trouvé à Saragosse).

En outre, Todorov parle d’un rapport entre le thème du désir sexuel et celui de la mort, dans les récits fantastiques, comme dans La Morte amoureuse de Gautier, Romuald désire le corps mort de Clarimonde.

Enfin, Todorov affirme que la présence du surnaturel dans la littérature fantastique permet à l’auteur d’explorer tous ces thèmes interdits de la sexualité, les thèmes fantastiques du tu.

Le chapitre 9 : les thèmes du fantastique : conclusion 

Dans le chapitre 9 intitulé « les thèmes du fantastique : conclusion », Todorov réfléchit sur le rapport entre le monde du fantastique et l’approche critique de la psychanalytique. Il parle d’un rapprochement entre les thèmes du tu et d’une catégorie des maladies mentales-les névroses. Il parle aussi d’un rapprochement entre les thèmes du je et d’une catégorie des maladies mentales-les psychoses.

Puis l’auteur justifie le choix des noms qu’il a donné à ces deux groupes de thèmes. Le  je signifie l’isolement de l’ homme face à un monde qu’il construit. Le tu  signifie un troisième élément entre l’homme et le monde.

De plus, Todorov parle de Freud et son étude sur l’étrange et de Penzoldt et son livre sur le surnaturel. Todorov affirme que contrairement aux psychanalystes comme Freud qui traitent la littérature comme un outil pour étudier et comprendre la psyché de l’auteur, lui, il s’intéresse seule à la littérature. Ainsi il conclut que si les psychanalystes se concentrent plus sur le sujet humain que sur la littérature, alors ils pourraient contribuer plus aux études littéraires.

Le chapitre 10 : Littérature et fantastique 

Dans le chapitre 10 intitulé « Littérature et fantastique », Todorov conclut. Premièrement Todorov résume ce qu’il venait de faire dans ce livre. Il avait étudié la structure du genre fantastique et il a répondu à cette question : « Qu’est-ce que le fantastique ? »

Dans ce dernier chapitre, Todorov répond à la question suivante : « Pourquoi le fantastique ? » Dans cette partie, il étudie non seulement les fonctions du fantastique mais aussi celles du surnaturel. Puis Todorov distingue entre la fonction littéraire et la fonction sociale du surnaturel. Il commence avec la fonction sociale du surnaturel.

Todorov évoque que le surnaturel aide les auteurs des récits fantastiques à aborder des thèmes interdits. Par exemple les thèmes du tu : l’inceste, l’homosexualité, et les thèmes de je : la folie.  Todorov affirme que la fonction sociale et littéraire du surnaturel est « la transgression de loi ». Puis l’auteur réfléchit sur la fonction du fantastique, sur la réaction de l’événement surnaturel.

Ensuite, Todorov ajoute que la naissance de la psychanalyse a mené à la mort du genre fantastique à la fin du 19e siècle, car la psychanalyse traitait les mêmes thèmes que le fantastique, les thèmes de double, diable etc. Et Todorov affirme que, le fantastique n’existe plus. Ici il prend l’exemple du récit du 20e siècle, la Métamorphose de Kafka où le surnaturel apparait dans la première phase. Il ajoute que, pour les lecteurs, il n’y a plus la question d’hésitation mais plutôt d’une adaptation aux événements. Ainsi ce récit se rapproche du fantastique mais n’est pas le fantastique parce qu’il n’y a pas d’hésitation.

Todorov cite la théorie du fantastique de Sartre, au sujet des œuvres de Blanchot et de Kafka, selon laquelle, pour Blanchot et Kafka, l’homme normal est le seul être fantastique et que « le fantastique devient la règle, non l’exception » [6].

Conclusion

Pour conclure, dans le livre Introduction à la littérature fantastique l’objectif de l’auteur Tzvetan Todorov était d’étudier le genre fantastique. Il a proposé la définition du fantastique, en étudiant le genre fantastique par rapport à ses genres voisins. De plus, Todorov a décrit les thèmes et les fonctions du genre fantastique. Ainsi il a introduit le monde de la littérature fantastique aux lecteurs.

Notes


[1] T.Todorov, Introduction à la littérature fantastique, (Paris, Editions du Seuil, 1970), p.80.

[2]Ibid., p.24.

[3] Ibid., p.29.

[4]Ibid., p.80.

[5]Ibid., p.91.

[6] Ibid., p.182.

By Anchal / Last updated: November 29, 2023

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